Par / Aliou Ndiaye
Moi Saliou, inspiré par les œuvres de Kafka, et noyé dans ses imaginaires impitoyables qui se concrétisent ainsi dans ma vie de tous les jours .
Éduqué strictement par des parents africains (westaf), qui transmettent une éducation trop paternaliste, qui te voient comme un individu dénué de sentiments et d’empathie.
Je ne porte pas de plainte verbale contre eux, parce qu’ils ont reçu une telle éducation, qui croit toujours que la raison appartient aux anciens et que l’enfant ne doit avoir ni idées ni raison.
Issu d’un environnement où on apprend l’amour et la bienveillance de manière distante, et une façon de vivre ensemble éparse, une maison emplie de Progénitures et de femmes, des sœurs et des frère et une manière de voir la religion comme une suprématie de l’homme sur la femme et l’enfant.

Les religions s’héritent souvent par des religieux qui, la plupart du temps, affichent des valeurs bien différentes de ce que leurs religions enseignent.
Jadis, je les voyais comme des anges sur terre, fascinants avec leurs vêtements splendides et leur apparence détachée, qui cachaient en réalité une ignorance et une supériorité injustifiée.
Des hommes de religion qui profitent de leur statut social et de leur manque d’humanité pour plonger des pères de famille pauvres dans des situations encore plus appauvries.
Je me rappelle de l’époque de mon enfance où, innocent dans mes pensées, je trouvais ces actes illicites, illogiques et illégitimes.
Mais face à chaque idéologie malsaine, il y a toujours des individus ignorants, prêts à tout pour la défendre.
J’ai grandi dans cette atmosphère, où je croyais que l’enfant ne devrait pas avoir de rôle et devait obéir sans réfléchir, et appliquer sans comprendre.
Lorsque je me sens malade, mon père me fournit des soins en m’apportant de la nourriture (mangue, banane, orange…), mais il ne reste jamais près de moi. Quant à ma mère, elle a reçu au moins une éducation qui lui apprend à donner un peu d’amour, sous ses regards merveilleux mais seulement dans ce genre de contexte complexe.
J’avais envie de parler avec eux de la vie, de la spiritualité, de la sexualité, pour enfin résoudre ces équations qui sont ancrées dans notre cerveau depuis longtemps.
Mais tout cela n’est qu’une chimère d’un garçon qui vient de découvrir la vie et se pose des questions qui semblent évidentes mais complexes.
« Maman, ma sœur ne fait pas ses prières » disais-je.
En la voyant dans sa période de règles, dont je n’avais jamais entendu parler autour de moi, j’étais persuadé qu’elle refusait de faire ses « obligations religieuses » par simple paresse, sans savoir qu’il y avait une période où elle en était dispensée.
Elle me répondait toujours : « Je ne suis pas propre. » et, avec beaucoup d’ignorance, je lui répondais : « Va te laver. »
Chez nous, la sexualité se résume au simple fait de « faire l’amour », et seuls « les pervers » osent en parler publiquement, pour soi-disant pervertir les enfants, disent-ils !
Tout cela parce que ma mère ne m’a jamais parlé de sexualité, et mon père non plus !
À l’école, chaque coin de la classe forme une équipe, des groupes que l’on appelle [amis], des perturbateurs, des intellectuels, des amateurs et des personnes riches.
Dans ce cadre hiérarchique, dont je ne me rendais pas compte à l’époque, je me suis retrouvé dans un groupe qui se concentrait sur l’apprentissage en classe et l’enfantillage pendant les récréations.
Un groupe qui avait une approche unique, une passion, une manière de voir la vie, Mais entre nous, dans la vie familiale, on ne parle ni de l’amour que l’on se porte ni de nos épreuves communes. Nos échanges se limitent à des leçons à réciter ou à des équations à résoudre.
Au fil des années, la vie nous a séparés autant qu’elle nous a rassemblés par fatalité, dans une ville où coutumes et mœurs priment souvent sur la loi.
Je ne connais l’amour que par ce que ma mère m’a offert à certains moments de ma vie. J’ai appris à donner l’amour, mais non à le recevoir, à offrir mon affection sans rien attendre en retour. On ne nous a pas appris à dire non quand il le faut, par crainte d’être jugés méchants, ni à nous battre pour nous-mêmes, et encore moins pour les autres.
En voyageant dans des endroits plus ouverts dans le monde, je vois mes semblables faits de la même matière, qui ont soif de se détacher d’eux-mêmes pour embrasser le monde des autres, afin de pouvoir au moins exprimer leurs pensées profondes et leur liberté de vivre avec des personnes plus présentes.
Une quête de soi qui peine à s’accomplir à cause de ces blessures marginales et de cet isolement récurrent.
Une terre d’Europe, où les gens sont plus individualistes et sensibles que nous, les West-Africains. Moi qui croyais trouver une terre d’amour et de vie commune, je me noie dans une forêt pleine d’opportunités, mais négligée, faute de soin.
Et je pose une question existentielle :
Peut-on réellement trouver notre chemin vers une amitié et un amour sincères entre une éducation paternaliste distante et une l’assimilation à une société individualiste et libérale ?